1994-2003: Restauration de peintures murales


L’été 1982 un ami restaurateur installé à Toulouse m’a demandé de venir l’aider ponctuellement sur le chantier de restauration de la coupole de la Cathédrale de Cahors, peintures du 14ème siècle. J’ai fait alors pendant quelques mois une sorte d'apprentissage. Par la suite, étant soumise comme beaucoup d’artistes aux aléas de la vie économique, je me suis de nouveau rapprochée de lui vers 1989. En 1994 d’autres restaurateurs m’ont sollicitée pour collaborer sur des chantiers. J’ai alors décidé de voler de mes propres ailes et j’ai fait de ce qui n’était au départ qu’un travail transitoire une activité à part entière.
J’ai aimé travailler sur ces grandes surfaces, dans ces lieux chargés, recréer dans ces châteaux, églises, cathédrales un atelier.
J’y ai retrouvé le silence et la solitude de mon atelier, mais j’ai aimé aussi travailler en équipe.
J’ai aimé toucher, caresser, réparer, conserver, restaurer ces vieux mortiers peints, cette matière vivante, vibrante. A l’envers de mon travail de peintre, moi qui accumule les couches pour rendre visible un sujet, j’ai enlevé précautionneusement chaque couche pour faire apparaître le sujet. Au fond ces deux démarches inversées ne sont-elles pas du même ressort ? A l’instar de mon travail de peintre, mais démultiplié par l’immensité des surfaces j’ai alterné la lente et patiente minutie du geste avec l’engagement du corps tout entier quand il s’agissait de traiter les peintures murales dans la globalité du bâtiment. A chaque fois il s’agissait de rendre visible et de donner du sens.

J’ai été prise par l’émerveillement, l’excitation de la découverte, j’entassais un savoir, une mémoire, un métier qui m’accompagnait lorsque je rejoignais mon propre atelier que je n’ai jamais complètement délaissé.

En 2003, mangée par le manque de temps, le manque de peindre, j’ai arrêté cette activité.J’ai cependant gardé ma tendresse pour ces vieux murs peints qui ont tant à raconter.